Boutiers-Saint-Trojan est une commune du sud-ouest de la France, située dans le département de la Charente (région Nouvelle-Aquitaine).
Ses habitants sont appelés les Boutiérois et les Boutiéroises.
Localisation
Boutiers-Saint-Trojan est une commune de l’ouest du département de la Charente située à 3 km au nord-est de Cognac et 36 km d’Angoulême. La population y est dense, tenant au fait du voisinage de la ville de Cognac, dont Boutiers est presque un faubourg.
Située sur la rive droite de la Charente, la commune de Boutiers-Saint-Trojan est formée par la réunion des deux anciennes communes de Boutiers et de Saint-Trojan. Le bourg de Boutiers se dresse au sommet d’une colline dominant le fleuve. Saint-Trojan est situé au sud de la commune, au-dessus de la vallée de la Soloire.
À l’écart des grandes routes, la commune est traversée par la D 24, route de Cognac à Sainte-Sévère et Macqueville, qui franchit la Charente à Saint-Marmet, et par la D 156 qui passe au bourg.
La gare la plus proche est celle de Cognac, desservie par des TER à destination d’Angoulême, Saintes et Royan avec correspondance à Angoulême pour Paris, Bordeaux, Poitiers et Limoges, et à Saintes pour La Rochelle et Niort.
Hameaux et lieux-dits
Il y a peu de hameaux dans la commune; on peut toutefois citer les Tuileries sur la route de Macqueville, Port-Boutiers le long de la Charente, l’Étang, le Solençon à l’ouest, Terrusson, etc.
Histoire
Boutiers était habité à l’époque gallo-romaine : on a dégagé des vestiges de plusieurs villas gallo-romaines, situées aux lieux-dits les Sablons, les Coulées et les Frugères.
La terre de Boutiers fait partie des premières donations faites à l’ordre hospitalier de Saint-Antoine en 1095 et qui venait d’être créé six ans plus tôt. Cette donation provient des familles qui avec leurs suzerains les seigneurs de Cognac et les comtes d’Angoulême se croisaient. Le bourg de Boutiers devient alors le chef-lieu d’une commanderie appelée Saint-Antoine de Boutiers dans le diocèse de Saintes, dont l’église du XIIe siècle a été détruite vers 1855 à la suite d’un procès perdu par la commune. Les registres de Boutiers commencent en l’année 1600.
Une déclaration fut reçue par notaire le 11 décembre 1399, à la demande du commandeur Guillaume de Franchiliens, en présence de Bernard de Cazelon, prieur de Saint-Léger de Cognac, et de Simonet de Vaucelles, capitaine du château de Merpins qui stipule que Bernard, évêque de Saintes, y est accueilli comme pèlerin et non en vertu d’un droit.
La commanderie de Saint-Antoine de Boutiers a appartenu à partir de 1777 à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (à Malte) à la suite de l’intégration de l’ordre dit des Antonins sur le déclin au sein de cet ordre hospitalier.
Le 12 octobre 1616 fut parrain dans l’église de Boutiers « honorable homme Philippe Desmarais, sieur de la Grave de Saint-Vivien, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, chevalier et commandeur de Saint-Antoine de Boutiers. »
L’église de la commanderie servait d’église paroissiale, et il est mentionné que Porchaire, propriétaire du domaine de Bel-Air, mort au mois de février 1704, y fut enterré.
Le premier château du Solençon qui a totalement disparu est attesté dès le Moyen Âge. En 1775, il est acheté par le comte d’Artois qui construit un immense logis rectangulaire qui a lui aussi disparu mais dont il reste des gravures. Il ne construit pas la raffinerie de sucre qu’il avait prévu. Le château est vendu et détruit après la Révolution. Il ne subsiste qu’un pigeonnier circulaire couvert d’un dôme ainsi que des écuries transformées en habitation et dont les ouvertures en anse de panier du rez-de-chaussée ont été murées et repercées de nouvelles baies.
Saint-Trojan était uni à Saint-Brice et les deux terres n’ont été séparées qu’au XVIIIe siècle. Puis en 1793 Saint-Trojan est devenu une commune séparée.
Le 7 mars 1787, les représentants de Boutiers à l’assemblée préliminaire des états généraux, qui se tient à la salle capitulaire des Récollets de Cognac, sont Jean Bonnin et Jean Cormenier, et ceux de Saint-Trojan Jean Sabouraud et Jean Chaillot.
En 1859, la commune de Boutiers absorbe celle de Saint-Trojan.
Le soir de Noël 1972, une famille entière de Boutiers-Saint-Trojan disparaît sans laisser de trace : Jacques Méchinaud, Pierrette son épouse et leur deux enfants Bruno 4 ans et Éric 7 ans ainsi que leur véhicule familial, une Simca 1100. Les gendarmes de Cognac n’ont jamais oublié la famille des disparus et quarante ans plus tard, des recherches sont encore effectuées.
Lieux et monuments
Patrimoine religieux
- L’église Saint-Antoine (Plan).















En 1095, fondée par les Antonins (chanoines réguliers de l’ordre hospitalier de Saint-Antoine-en-Viennois), une commanderie est édifiée à Boutiers. Son importance est reconnue la même année par le pape Urbain II, dès le concile de Clermont.
La commanderie est devenue propriété privée après avoir été vendue comme bien national en 1794. Elle a été au coeur d’un long procès d’une vingtaine d’années, durant lequel la commune de Boutires et des habitants en ont revendiqué la propriété, ce qui aurait permis à la commune de ne pas se contenter de la seule église de Saint-Trojan, ni de celle de Saint-Marmet, trop endommagée pour être restaurée. Le procès fut finalement perdu par la commune : l’ancienne commanderie fut démolie en 1855 par son propriétaire afin d’éviter une éventuelle récupération par la municipalité. Les seules traces connues de l’ancien édifice sont des relevés réalisés en 1843 par l’architecte Paul Abadie Fils (1812-1884).
Suite à un décret napoléonien, les communes de Boutiers et de Saint-Trojan sont réunies en 1858. Au XIXe siècle, la municipalité n’ayant pas pu récupérer, à l’issue d’un long procès, la commanderie Saint-Antoine pour en faire son église paroissiale, la nouvelle municipalité décide alors la construction d’un nouvel édifice, à quelques mètres de l’ancienne commanderie. Elle fut confiée en 1860 à l’entrepreneur cognaçais Jean Deménieux. La nouvelle église Saint-Antoine fut livrée au culte en juin 1861. Sa première pierre avait été bénite le 1er mai 1860.
- L’église Saint-Marmet (Plan).
Les ruines de l’église Saint-Marmet, des XIe et XIIe siècles, dominent le promontoire qui surplombe la Charente. Jadis Saint-Marmert, elle aurait été construite par la commanderie d’Antonins de Boutiers. Elle fut dévastée à la Révolution et ne fut pas vraiment restaurée. La nef date de la 2e moitié du XIIe siècle ; le choeur du XIIIe siècle. Elle est inscrite monument historique depuis 1986.
Si l’on franchit la Charente pour revenir à Cognac par le faubourg Saint-Jacques, c’est tout d’abord, passé Châtenet, les ruines romantiques de l’église Saint-Marmet, dressées sur un éperon rocheux, en un cadre de chênes verts et de cyprès. Drapée de lierre, l’antique église romane aux murs ébranlés, aux pignons croulants, constituait jadis dans notre Charente une petite enclave dauphinoise placée sous la dépendance de Saint-Antoine-du-Viennois. Plus que les hautes flèches et les riches parvis des cathédrales, ce modeste sanctuaire abandonné ressuscite toute une société disparue et la simplicité de la vieille France.





Un rocher dominant un bras de la Charente porte la chapelle dédiée à Mamert, évêque de Vienne (Isère) au Ve siècle, vocable déformé en Saint-Marmet. On connaît mal l’histoire de ce modeste édifice désaffecté qui veille encore le cimetière abritant quelques tombes insolites du XIXe siècle.
Saint-Marmet était une chapelle paroissiale rattachée au prieuré Sainte-Marie de Boutiers. Cette chapelle ne doit pas être confondue avec l’église de la toute commanderie Saint-Antoine, connue par des relevés de Paul Abadie antérieurs à sa démolition. La dédicace au saint évêque du Dauphiné, d’où étaient originaires les Hospitaliers de Saint-Antoine, et les analogies architecturales invitent toutefois à ne pas exclure l’existence de liens entre les deux établissements. Le plan de l’édifice se résume à un rectangle que se partagent une nef oblongue et un chevet carré. Tous les murs sont construits en grandes pierres de taille et épaulés par des contreforts larges et plats. Ceux de la façade occidentale forment de nombreux ressauts qui encadrent un portail dont les trois voussures, de tracé légèrement brisé, sont simplement chanfreinées. Au-dessus, dans l’axe du portail, une baie en plein cintre est la seule source directe de lumière pour la nef.
Un mur, percé d’une baie géminée où étaient suspendues les cloches, et un pignon triangulaire, couronnent la façade. Une tourelle carrée abrite un escalier en vis qui donnait accès au comble de la chapelle. L’espace intérieur est clairement articulé autour de pilastres dont les chapiteaux reçoivent un arc doubleau brisé. Les nervures multiples de la voûte du choeur prennent appui sur des culots à l’est. Cette travée carrée abrite encore l’autel, mis en valeur par la lumière venue de trois étroites baies en plein cintre. L’arc externe de ces baies est façonné dans un linteau monolithe. La nef est d’une grande austérité ; le départ du berceau brisé lisse qui la couvre est marqué par un cordon chanfreiné.
L’abandon de la chapelle depuis la Révolution, après qu’elle eut été pillée, explique qu’elle présente encore une grande authenticité.
La qualité des techniques de construction, l’emploi du profil brisé et d’une voûte d’ogives à nervures toriques permettent de dater la chapelle de la toute fin du XIIe siècle ou des premières décennies du XIIIe siècle.
- L’église paroissiale Saint-Trojan (Plan).





L’église paroissiale Saint-Trojan dont la nef et le chœur sont du XIe siècle, l’abside et le clocher du XIIe siècle, tout comme les sculptures des corniches de l’abside et le tombeau. Autrefois Saint-Urjan, c’était un ancien prieuré-cure dédié à Trojan, évêque de Saintes du VIe siècle. Elle est inscrite monument historique depuis 1952.





















La nef et le choeur datent du XIe siècle, l’abside et le clocher sont du XIIe siècle. L’église se compose d’une large nef charpentée, d’une travée plus étroite, d’un choeur en hémicycle et d’un clocher plus récent. L’élévation nord du choeur et, en partie la façade, sont bâties en petit appareil et plusieurs fenêtres sont coiffées d’un linteau échancré en plein cintre, sur lequel sont gravées en trompe-l’oeil des claveaux. Le mur nord de la travée a conservé, à l’intérieur, deux arcs qui reposaient sur des colonnes dont subsistent deux chapiteaux. Le portail est percé dans un petit avant-corps couronné d’un fronton. La décoration géométrique de la voussure inférieure se rapproche du style saintongeais. Il faut s’attarder aussi sur la série de modillons figuratifs qui animent le haut des murs.
Livre : ‘Les Églises du Vignoble en Pays de Cognac’
Patrimoine civil
- La mairie de Boutiers (Plan).
Heures d’ouverture | ||
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Lundi | 8h30 à 12h00 | 14h00 à 19h00 |
Mercredi | 8h30 à 12h00 | 14h00 à 17h30 |
Jeudi | 8h30 à 12h00 | 14h00 à 17h30 |
Vendredi | 8h30 à 12h00 | 14h00 à 17h30 |
Site Web : https://www.la-mairie.com/boutiers-saint-trojan |
- L’ancienne mairie de Boutiers (Plan).
Projet de mairie-école par l’architecte Léon Védrenne. En 1886, adjudication des travaux d’une double maison d’école, avec logements pour l’instituteur et l’institutrice, à Pierre Monerat, entrepreneur à Salles-d’Angles. En 1891, réception définitive des travaux.
- Le monument aux morts (Plan).
En 1924 est réunie une souscription de 4111, 75 francs pour l’érection d’un monument commémoratif de la guerre de 1914-1918. Statue en marbre signée BORGIOLI A. MAYOLLE, SCULPTEUR A LA ROCHEFOUCAULD.
Victimes de la Guerre 1914-1918 | |
BOUTINET Amédée Albert BOUTINET Marcel Alexandre COTINAUD Jean DEGUIL Auguste Marie DELAGE François DESVERGNES Eugène DUMAS Jules DUPUY Jean DURIEUX Amedée FAUGERAS Louis Philippe René FERCHAUD Casimir FILHON Antonin Alcide FUMAT Marcel GAUTHIER Léon GODIN Emilien GUELIN Oscar Amedé HERAUD Camille |
HERAUD Edouard HERIARD Jean Paul Jacques LAUMONE Jean Louis LAVAUD André LAVAUD Maurice LESTRADE Auguste MAILLET Guy Amédée MAYANS André MAZERAT Jean MONTEIL Pierre PIERRE Louis René QUAYRAUD Albert RENAUDIE Jean ROY Aimé ROY Alfred Dorval TEXIER Louis |
Télécharger la liste détaillée des Victimes des Guerres |
- Cimetière (Plan).
En 1897, adjudication en faveur de Jean Champeaux, entrepreneur à Boutiers, des travaux de construction dirigée par l’architecte Brunetaud de Cognac. Date 1898 sur le portail.
Croix de Cimetière – 4e quart XIXe siècle (?).
- Le Château du Solençon (Plan).
Au carrefour de la route de Bréville et de Boutiers, le long du Solençon, bras de la Charente, ce que l’on a appelé château du Solençon n’existe plus. Près d’un vaste étang, asséché à la fin du XVIIIe siècle, à l’orée du parc du château de Cognac, c’était une demeure seigneuriale et royale pour les parties de chasse a-t-on dit. Charles d’Orléans l’acheta en 1467. Il appartint aussi à François 1er et à ses fils. Au XVIIe siècle, le Solençon passa aux familles Geoffrion la Tour et pendant le XVIIIe siècle à la famille Brémond d’Ars. En 1756, Marie Madeleine de Brémond, épouse du marquis de Verdelin vendit le Soleçon à messire Pierre Nicolas de la Ville, écuyer, qui devint seigneur du Solençon. En 1775, le Comte d’Artois, frère du Roi Louis XVI, en fut propriétaire et envisagea d’y établir une raffinerie de sucre, ce qui n’aboutit pas. On défricha et dessécha l’étang du Solençon. C’est à cette époque que le logis, existant encore vers 1920, remplaça la demeure seigneuriale dont nous savons seulement qu’elle était qualifiée de « logis noble ». Le 6 nivôse an 2 (26 décembre 1793), le Solençon est acquis par quatre particuliers : René Delaborde, Louis Philippe de Bonnegens, Jean Martin et François Gay. Ils partagent leur acquisition commune le 25 octobre 1814. Les lots sont tirés au sort. Les deux premiers comprenant tout : « le corps de la nouvelle maison » donnant sur le jardin, les grandes écuries et la cour, la charmille et des terres sont échus à Delaborde et Bonnegens. Le troisième lot revient à François Gay. Il comprend tous les chais, la chambre joignant la brûlerie, des terres. Le dernier lot forme la part de Jean Martin et contient « tout le corps du bâtiment du vieux logis », le four et le fournil et des terres. Actuellement une grosse fuie ronde couverte d’un dôme de tuiles en reste le témoin ainsi que beaucoup d’éléments disparates. Au cours d’un examen détaillé des lieux, Christian Vernou, alors conservateur du Musée de Cognac, a observé en surface des vestiges de murs d’importance. Il reste une ouverture surmontée par l’arrachement d’un escalier en vis desservant autrefois le premier étage. Les moulures de qualité donnent une idée de la richesse du bâtiment. En contrebas il existe une cave creusée dans la roche calcaire. Une partie est en voûte d’arête rappelant les architectures de sous-sol du XVIIIe siècle. L’importante demeure, dont des cartes postales gardent le souvenir avait une haute toiture d’ardoises à quatre pans. La grande façade sévère, donnant sur la rivière, était partagée en son milieu par un avant-corps portant un fronton triangulaire au niveau de l’égout de la toiture. Cet avant-corps comprenait une travée d’ouvertures en plein cintre : la porte d’entrée surmontée d’un entablement mouluré au rez-de-chaussée, de hautes fenêtres aux premier et deuxième étages. De part et d’autre, quatre travées de baies rectangulaires sur trois niveaux d’élévation, et un étage à surcroît avec fenêtres mansardées. Les baies du premier étage possédaient des linteaux en arc segmentaire. Un escalier de pierre à deux volées donnait accès sur un perron devant la porte du logis. Le bâtiment possédait de belles caves, des portes aux moulures élégantes, des cheminées de marbre…
Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente
- Le four à pain à Saint-Trojan (Plan).
Restauration réalisée par « Clé de Voûte »
Chantier d’insertion de Grand Cognac
de février à juin 2013
- Le pigeonnier et puits des Tuileries (Plan).
Tuilerie construite dans la 2e moitié du XIXe siècle (logement construit en 1887). En 1963, arrêt des activités de la dernière des dix tuileries en fonction dans la commune à la fin du XIXe siècle. Dernier fabricant : Cherlonneix qui l’avait achetée de Cavard. Le hangar est le seul vestige des ateliers de fabrication qui se trouvaient sur la parcelle 79, où s’élevaient aussi un four et une cheminée d’usine. Dans le mur de ce hangar se trouvent des briques signées : Jagaille à Boutiers, Léonard Cavard tuilier à Boutiers puis à Cognac Charente, Guillet à Monnie, tuilerie de l’Etang de Garde Fr. puis Cognac Charente Beligen. Puits servant de pigeonnier dans sa partie supérieure.
Il existe des vestiges d’un four droit qui permettait une cuisson de l’argile à 1500 °c
- Le pigeonnier à Saint-Trojan (Plan).
- Le lavoir Communal (Plan).
Sa charpente date de 1890 et il est alimenté par une source capricieuse. L’endroit est calme et reposant.
- Le puits de Boutiers (Plan).
- L’ancienne pompe à essence de Boutiers (Plan).
- La maison Primerose des Tuileries (Plan).
Notes et références
Le livre ‘Le pays de Cognac’ page 121-122.
Wikipedia Boutiers-Saint-Trojan